Tables rondes : le Cycle Faire de la bande dessinée

Méthodes traditionnelles et nouvelles manières

Si les pratiques traditionnelles persistent (la série, le récit d’aventure ou intime, etc), de nouvelles manières se développent. On évoquera une forme ancienne qui perdure à petit bruit, et on abordera deux nouvelles venues d’Asie, dont une digitale. Enfin, on s’étonnera devant une forme intemporelle, qui passe le plus souvent sous les écrans radars.

Du trait à la couleur

[Salle 2] Samedi 2 décembre 2023 – 14h-14h50

La bande dessinée est le plus souvent un art du trait. Pourtant, nombreux sont les artistes qui ambitionnent d’ajouter la couleur à leur palette expressive. Pour certains, à l’instar d’Hermann qui travaillait avec un coloriste talentueux, la prise en charge de cette facette du travail s’est accompagnée d’une transformation remarquable du dessin. Chez les modernes, on peut observer des approches très différentes de la couleur chez certains dessinateurs dont le trait se distinguait déjà très puissamment. De Nylso à Alex Baladi, d’Aude Picault à Rémi Lucas en passant par Florence Dupré-Latours : quelles sont les raisons qui ont conduit à passer à la couleur, et quels moyens ont été mis en œuvre pour adopter un dessin multicolore ?

Avec :

Rémi LucasArtiste pluridisciplinaire trouvant inspiration dans le cinéma, la littérature populaire et les expériences oulipiennes. Connu pour son approche pseudo-autobiographique, tissant une mythologie personnelle avec des personnages empruntés à la BD, au show-biz, et la pop culture.
Florian RubisCommissaire d‘exposition, journaliste, auteur d’une biographie d’Hugo Pratt. Il animera la rencontre.
Xavier MussatAuteur multiforme ayant fait du design graphique et de l’animation, il a de même expérimenté sur presque tous les genres et esthétiques du 9e art. Il est aussi l’un des co-fondateur des éditions Ego comme X.

Du bleu à Photoshop

[Salle 2] Samedi 2 décembre 2023 – 15h-15h50

La couleur a longtemps été un second moment pour la bande dessinée, et c’est encore souvent le cas. Certes, le dessin destiné à être mis en couleur est généralement conçu dans cette optique, mais il est achevé lorsque le travail de la couleur s’engage. Et si le trait est finalement assez peu dépendant des contraintes techniques liées à l’impression et à l’édition, il n’en va pas de même de la mise en couleur. Il en résulte que les méthodes de mises en couleur ont également évolué entre le début du XXe siècle et la période actuelle, passant d’indications écrites aux dos des planches au travail sur le bleu, aujourd’hui très largement remplacé par l’outil informatique. En quoi ces façons de faire, intimement liées aux outils industriels de reproduction, ont-elles un impact sur les bandes dessinée ? Comment l’outil industriel influe-t-il sur la nature artistique de la discipline ?

Avec :

Irène Le Roy Ladurie Chercheuse à l‘Université de Bourgogne et membre du comité de pilotage du SoBD et Co-rédactrice en chef de la revue de la Cité de la Bande dessinée, ses recherches portent sur les représentations des corps et des sexualités. Elle travaille également sur l’histoire de la bande dessinée.
Elvire de CockAprès être sortie de Saint-Luc, elle réalise au dessin et à la couleur quelques albums chez les Humanoïdes associés et Dupuis. Depuis 2015, elle travaille principalement comme coloriste de BD. Elle met en couleur notamment Ladies With Guns chez Dargaud avec Olivier Bocquet et Anlor, ainsi que les Frères Rubinstein chez Delcourt, avec Etienne Le Roux, Loïc Chevallier et Luc Brunschwig.
Évelyne Tran-LèGrande coloriste de la bande dessinée, connue pour ses collaborations avec 19 albums de Valérian de son frère Mézières. Au long de sa très prolifique carrière, elle fit les couleurs de séries emblématiques telles Philémon, Blueberry et Torpedo. Proche de la centaine d’albums accomplis, cette voix discrète et féconde du 9e art a figé une grande empreinte sur l’histoire de la BD.

Lettrage manuel vs Typo manuscrite

[Salle 2] Samedi 2 décembre 2023 – 16h-16h50 Le lettrage est un art intégralement partie prenante du 9e, dont on peut observer l’excellence chez des auteurs fameux comme Willem ou Chester Brown. La lisibilité du lettrage, l’excellence du placement des lettres et des mots n’est pas une mince affaire, et certaines anecdotes sont célèbres, comme celle du peigne de Morris, témoignant des astuces mises en œuvre par certains artistes pour faciliter ce travail dérivé du dessin. Avec l’ « underground » et l’édition indépendante, certains artistes (Lolmède, Matt Konture) se sont affranchis de l’exigence du beau lettrage quand, dans le même temps, la démocratisation des outils numériques dans le dernier quart du XXe siècle voyait se multiplier le recours à des polices de caractères imitant le trait manuel des artistes. Qu’en est-il aujourd’hui du lettrage manuel ? Est-il toujours pratiqué ? Faut-il réhabiliter cette manière de faire le texte des bandes dessinées ? À moins que les impératifs économiques n’aient définitivement remisé le lettrage manuel au placard des techniques perdues de la bande dessinée. Avec :

Jeanne PucholAutrice et membre du comité de pilotage du SoBD, elle a signé une vingtaine d’albums largement appréciés par la critique spécialisée et le public.
NylsoAuteur autodidacte, il émerge dans le monde de la BD en co-fondant le fanzine Le Simo en 1994. Il contribue à l‘essor de la BD de création en participant à des revues et festivals, adoptant une approche d’auteur-éditeur. Si bien discret, il s‘impose comme une figure incontournable, multipliant les résidences, les expositions et les anthologies.
Jean-Noël LafargueExpert en technologies, vivant sans téléphone mobile, il est enseignant en art et nouveaux médias et a publié plusieurs ouvrages de vulgarisation scientifique, tout en collaborant avec plusieurs artistes de la scène internationale.

La bande dessinée de fiction est-elle révolue ?

[Salle 2] Samedi 2 décembre 2023 – 17h-17h50

On peut voir dans la seconde moitié des années quatre-vingt-dix le début d’un mouvement de fond développant une bande dessinée non fictionnelle, avec l’apparition d’œuvres marquantes dans le registre de l’autobiographie (Le Journal de Fabrice Neaud ou L’Ascension du Haut Mal, David B., 1996), du reportage (Palestine, une nation occupée, Joe Sacco, 1996 pour l’édition française), ou encore de l’étude savante (L’Art invisible, Scott McCloud, 1999 pour l’édition française). Si l’on ajoute encore à ces catégories le biopic, on peut constater que près d’un quart de siècle plus tard, cette « bande dessinée du réel » a envahit les collections des éditeurs et les étalages des librairies. Mais est-ce toujours à bon escient ? Ne faut-il pas y voir une facilité éditoriale en période de surproduction ? Cette production n’est-elle pas le signe d’un manque d’imagination, ou de temps et d’auteurs pressés de multiplier les titres qui les rémunèrent toujours plus mal ?

Avec :

Jeanne PucholAutrice et membre du comité de pilotage du SoBD, elle a signé une vingtaine d’albums largement appréciés par la critique spécialisée et le public.
Manuel HirtzCo-auteur du Petit Critique Illustré, on lui doit de nombreux articles sur la BD, notamment dans la revue Bananas.
Sylvain InsergueixMembre du comité de pilotage du SoBD, il fonde en 1971 le fanzine Falatoff et en 1975 les Editions Artefact et la librairie Impressions, ainsi que la coopérative Canal BD, 1er réseau de librairies indépendantes spécialisées.