[Malakoff – 25/06/20243] Dans un contexte difficile, le SoBD, salon de la bande dessinée au cœur de Paris, persiste à consacrer une part très importante de son budget à la rémunération des auteurs et artistes.

Le SoBD a engagé près de 30 000 € pour la rémunération des auteurs et artistes lors de sa 13^e édition, dont la programmation s’est étendue du 23 novembre 2023 au 10 mars 2024, autour de l’événement central des 1^er, 2 et 3 décembre dans la Halle des Blancs manteaux.

Ces sommes ont été versées au titre de la participation aux rencontres et tables rondes, de l’achat de droits de reproduction, de la vente d’œuvres et de la rémunération des dédicaces.

En ajoutant à cette somme les frais de déplacement, d’hébergement et les indemnisations journalières, ce sont plus de 46 500 € qui ont été engagés au bénéfice direct des auteurs et artistes, soit près de 40% du budget global du SoBD (hors valorisation des contributions en nature).

C’est donc un effort considérable que le SoBD réalise une nouvelle fois pour les auteurs de bande dessinée, alors que son organisation est bénévole dans sa quasi-totalité (à l’exception de quelques fonctions techniques, de sécurité et de gardiennage).

Le SoBD consacre notamment à la rémunération des artistes la totalité des sommes versées par les sociétés de gestion collective (sociétés d’auteurs : Sofia, Scam, Adagp, Saif) au titre de l’action culturelle, sans que ces sommes ne suffisent pour couvrir les montants indiqués.

Ce sont ainsi 92 auteurs et artistes qui ont été rémunérés à l’occasion de la dernière édition du SoBD. Hors ventes d’œuvres, la rémunération moyenne est de 205 € brut, pour une fourchette comprise entre 90 € et 768 € brut.

Rémunérer les dédicaces en prenant ses responsabilités

Le SoBD a mis en place dès 2019 un dispositif novateur de rémunération des auteurs en dédicace. Ces derniers sont rémunérés à raison de 90 € brut pour une séance de 2 à 3 heures de signatures.

45 auteurs ont profité de ce dispositif à l’occasion du SoBD 2023, pour des rémunérations allant de 90 € à 270 € par auteur. 74 séances de dédicaces ont été payées.

« Le SoBD prend ses responsabilités et engage une partie de son budget propre pour la rémunération des auteurs en dédicace, contrairement au système expérimenté par le CNL qui dispense l’événement de toute participation financière, rappelle Renaud Chavanne, organisateur du SoBD. En tant que salon ou festival de bande dessinée, le SoBD profite de la présence des artistes. Il est donc normal et responsable que nous soyons partie prenante de la rémunération des dédicaces. »

Rappelons que le dispositif mis en place par le SoBD pour rémunérer les auteurs en dédicace met à contribution trois parties : l’événement (le SoBD), l’exposant qui accueille la dédicace (éditeur ou libraire) et les deux sociétés de gestion collectives, la Sofia et la Scam qui participent au dispositif. Chacune des parties apporte un tiers de la rémunération.

« Chacune des parties impliquées contribue à hauteur de 30€ par séance, ce qui reste très raisonnable, ajoute Renaud Chavanne. Et les contributions de la Sofia et de la Scam jouent pleinement leur rôle en améliorant le niveau de rémunération, sans se substituer au salon et aux exposants qui sont les premiers bénéficiaires de la présence des auteurs et artistes. »

Un contexte en tension

Le SoBD se félicite de son engagement pour la rémunération des auteurs et artistes, mais il convient de souligner les difficultés qui s’annoncent.

Les sociétés de gestion collective ont d’ores et déjà baissé les sommes dévolues à l’action culturelle pour 2024 en raison d’une diminution de la collecte du droit de copie. Le contexte économique, peu favorable, voit les subventions publiques rester stationnaires dans le meilleur des cas.

Enfin, la possible arrivée au pouvoir d’un gouvernement d’extrême droite n’augure rien de positif, quand on sait le peu d’intérêt que portent ces mouvements à la culture (si ce n’est quand elle prend une tournure propagandiste à leur avantage).

Ressources et rémunérations : l’effet ciseaux

Le SoBD respecte les barèmes mis en place par le CNL pour la rémunération des auteurs. Ce barème est mis à jour chaque année. Le tarif de la journée d’intervention est passé de 447,7 € à 499,57 € entre 2021 et 2024.

« Le SoBD s’engage pour la rémunération des auteurs et des artistes. Mais les événements culturels ne pourront pas poursuivre dans cette voie s’ils sont confrontés simultanément à une diminution de leurs ressources et à une augmentation des sommes qui leur sont demandées, estime Renaud Chavanne. »

Le SoBD appelle les institutions concernées à être attentives : si les manifestations dédiées à la bande dessinée doivent diminuer le nombre des auteurs qu’elles rémunèrent, elles se concentreront sur les têtes d’affiche qui sont déjà les plus sollicitées au détriment de la jeune génération d’artistes. Celle qu’il faut au contraire soutenir pour assurer au 9e art son indispensable renouvellement.

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À propos du SoBD

Installé à deux pas de l’Hôtel de Ville de Paris, le SoBD est un événement parisien annuel spécifiquement consacré à la bande dessinée. Créé en 2011, il dispose d’un large programme culturel pour le public, comprenant notamment des expositions et ateliers. Le SoBD met chaque année à l’honneur un artiste de bande dessinée aux côtés d’un auteur ayant écrit sur la bande dessinée. De même, un pays est invité tous les ans afin de présenter la bande dessinée mondiale au public parisien (L’Espagne en 2023, La Tchéquie en 2022, Madagascar en 2021, la Pologne en 2019, le Canada en 2018, etc.). Le SoBD a également pour vocation la mise en valeur des discours et études sur la bande dessinée ; il dispose d’une programmation spécifique à ce sujet, dont la remise du Prix SoBD Neuvième art. Enfin le salon de la bande dessinée au cœur de Paris accueille de nombreux auteurs, des éditeurs, des libraires, des fanzines, des collectifs d’auteurs et des micro-éditeurs ainsi que des écoles.