Fac-similé de la collection complète du journal (1898)
suivi de « L’Ordre naturel. Clameurs libertaires antiscientifiques » (1905)
précédé de « L’écologie en 1898 » par Tanguy L’Aminot
Si l’écologie est devenue la préoccupation omniprésente que l’on sait, son histoire nous est relativement mal connue. Cette dernière est pourtant nécessaire à qui veut ne pas être trop naïf face à une notion faisant l’objet de tant de manipulations.
Ce que mettra en lumière cette publication du rarissime journal Le Naturien et des nombreux documents relatifs à l’histoire du mouvement naturien qui viennent l’enrichir, c’est un mouvement écologiste né dans la mouvance anarchiste fin-de-siècle qui se refuse à concevoir l’environnement comme un domaine isolé de la vie, alors qu’il est indissociable d’aversions (anti-industrialisme, critique du salariat, du consumérisme) et d’aspirations (à la solidarité concrète, au temps libre, à la contemplation de la nature…) humaines et politiques.
Le Naturien est rédigé par plusieurs plumes qui participent du bouillonnement anarchiste de la fin du XIXe siècle. Dans l’orbite du journal, on croise Henri Zisly, sorte de Thoreau français, Émile Gravelle, réfractaire absolu qui considérait la civilisation comme une dégénérescence, des vagabonds sublimes comme Albert Libertad, des « pré-hippies » ayant fui leur destin ouvrier pour choisir la vie communautaire – les fameux milieux libres –, des illégalistes, des amour-libristes ou des aristocrates en rupture de ban à l’image d’un Zo d’Axa.